Le témoignage de l’histoire n’est pas le seul qui établisse son infériorité. Nous n’avons qu’à jeter les yeux autour de nous pour voir la réponse qu’ont faite les peuples libres et prospères à l’exemple si peu encourageant que nous leur proposons. Si nous rangeons avec Le Play sous la dénomination de Liberté Testamentaire toutes les combinaisons dans lesquelles le père, quel que soit le nombre de ses enfants, dispose librement au moins de la moitié de ses biens, nous trouvons que cette liberté existe aux États-Unis, en Angleterre, dans la plus grande partie de l’Allemagne, de l’Autriche, de l’Espagne et du Portugal, dans tous les États Scandinaves, chez les races slaves et hongroises, dans le Lucquois et les hautes vallées des Alpes, etc… Le croirait-on ? Elle s’est maintenue en France dans certaines provinces longtemps après qu’elle avait été détruite officiellement ; les enquêtes de la Société d’Économie sociale sont pleines de faits qui le prouvent ; on y voit le Code civil éludé avec une incroyable et persévérante énergie ; puis à la longue la discorde finit par amener le partage et la lutte cesse.
Beaucoup de petits propriétaires ou d’industriels français savent à quoi s’en tenir là-dessus, mais leurs plaintes n’ont jamais été écoutées. Dès 1865, cent trente et un grands manufacturiers parisiens réclamaient contre le partage dans une pétition adressée au Sénat. L’année suivante elle était renouvelée, cette fois par les cultivateurs de la Creuse ; à diverses reprises, les Chambres de commerce de Paris, de Bordeaux, de Roubaix ont fait entendre leurs plaintes. Certaine enquête agricole de 1869 est pleine de doléances de nos agriculteurs.