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Le testament peut seul donner au fils les moyens de continuer l’œuvre de son père, former le gage de la souveraineté de celui-ci en lui fournissant la possibilité de récompenser ou de punir, rendre à notre race enfin le rang de fécondité et d’expansion qu’elle a perdu.

La liberté testamentaire est donc le but ; mais peut-on songer à introduire tout à coup chez un peuple une réforme aussi complète, aussi radicale ? La chose, si elle était possible, serait pernicieuse ; songez au bouleversement que cela causerait, aux procès sans fin, aux injustices, aux erreurs, aux mauvaises actions que cela abriterait. Ce serait recommencer socialement cette grande faute politique plusieurs fois commise ; le passage sans transitions de l’autoritarisme absolu à la liberté sans frein.

C’est donc avec lenteur et prudence qu’ici plus que partout ailleurs il convient d’avancer ; et c’est agir de la sorte que de demander une simple augmentation de la quotité disponible et l’abrogation des articles 826 et 832 du Code civil obligeant au partage en nature. — Que l’on autorise le père de famille à composer librement les lots en objets de différente nature et qu’on limite la durée des actions en nullité ou en rescision, comme l’a souhaité, en 1876, le comité central des chambres syndicales. — enfin que l’on diminue les droits de donation, de partage et de vente judiciaire d’immeubles et que l’on permette les pactes sur successions futures, pourvu que l’ascendant y intervienne… Le jour où ces réformes seront accomplies un pas immense sera fait dans la voie de la régénération de la famille.