cette guerre qui a tant remué le pays que la France d’aujourd’hui ne ressemble plus à celle d’alors, elle dépensait gaiement sa force et son argent. Dans notre moderne société où il y a de moins en moins de place pour les oisifs, elle se sent dépaysée. On nous reproche d’être des puritains, des hypocrites n’ayant même plus le courage de nos folies ; il se peut que ces folies ne soient pas beaucoup moins nombreuses que par le passé, mais elles sont plus dissimulées et c’est un bien. Nos aînés estimaient qu’il n’y a pas de meilleur moyen de se garer des précipices que d’aller d’abord en mesurer le fond ; singulier moyen ! Et ils se mettaient à l’œuvre après avoir fait ainsi l’expérience de la vie ; aux époques de clinquant on peut se contenter des labeurs superficiels d’une fin de carrière ; mais aujourd’hui la grande loi du travail exige qu’on ne perde pas de temps pour se mettre à l’œuvre ; c’est le gage de tout succès.
Le rôle actuel de la jeunesse est admirablement résumé par ces paroles éloquentes et patriotiques que j’emprunte à M. de Vorges : « Il faut que la nouvelle génération soit tournée vers les grandes ambitions. Vous qui formez notre jeunesse, inspirez-lui la volonté de jouer un rôle, d’exercer une influence. Être bon fils, bon époux, bon père, cela suffit à de braves ouvriers ; c’est trop peu pour les classes qui se disent, dirigeantes. Elles n’ont point le droit de jouir des honneurs et des commodités de cette situation sans accepter la charge qu’elle impose : elles doivent vivre pour l’action publique afin de servir la France avec ardeur. »
Quant aux préjugés — on ne peut leur donner d’autre