paix dans leurs ateliers ; mais aussi au prix de quelles précautions, de quelles délicatesses, de quelle constante inquiétude du bien-être de l’ouvrier ! l’année ne se passe pas sans qu’ils aient mis à l’essai quelque institution nouvelle destinée à améliorer son sort, à le distraire, à lui rendre le foyer plus habitable et la vie plus douce, et cela sans exercer sur lui la moindre pression indiscrète : c’est là une erreur que tous n’évitent pas. Certains patrons mus par les plus respectables sentiments enferment les ouvriers dans un réseau de pratiques religieuses ; un examen impartial montre que ces faits sont fort exceptionnels, peu susceptibles d’être étendus aux très grandes usines et d’ailleurs ne donnant pas toujours les résultats pacifiques qu’on en attendait. Il faut que le patronage s’exerce surtout dans le domaine matériel. C’est ce qu’on commence à comprendre. La question des logements ouvriers par exemple, est à l’ordre du jour de l’initiative privée.
Mais en cette matière comme en toute autre, la contrainte doit être évitée ; il faut conserver aux efforts que fait le patron leur caractère libre et spontané. Sous le nom de participation aux bénéfices, s’étend une pratique excellente en soi, dangereuse par ses conséquences : qu’un patron désire proportionner les gains de ses ouvriers aux siens, rien de plus naturel ; mais si l’on ne prend pas soin de bien marquer qu’il s’agit d’une libéralité volontaire, ceux-ci ne tardent pas à y voir un droit ; ce droit sera sans doute revendiqué avant peu par l’école socialiste et il ne peut avoir que de déplorables résultats, car il constitue une entrave à l’essor industriel. Pour pratiquer la participation aux bénéfices il est donc utile