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rent sous le joug. Mais un autre chef leur vint en la personne d’un simple valet de ferme Miloch Obrénovitch dont la bravoure mêlée de finesse réussit à conquérir enfin une autonomie définitive (1814). La Croatie, la Bosnie, l’Herzégovine avaient partagé le sort de la Serbie proprement dite. Quant aux Monténégrins, ils vivaient retranchés dans leurs montagnes sous le sceptre d’un chef mi-civil, mi-religieux, Pierre ier qui les gouverna pendant un demi-siècle (1782-1830). Redouté des Turcs auxquels il avait en 1796 infligé une défaite retentissante, il sut s’entendre tour à tour avec les Russes ses coreligionnaires et avec les Français que les hasards de la guerre lui donnaient pour voisins[1].

Depuis la disparition du prince de Valachie, Michel le Brave, qui un moment au début du xviie siècle avait réalisé l’unité roumaine, les deux principautés (Valachie et Moldavie) avaient été gouvernées au nom du sultan par des « hospodars » qui tenaient à Jassy et à Bukarest des cours luxueuses et bigarrées où l’on ne parlait guère que grec et français. Le roumain, d’ailleurs, écrit le plus souvent en caractères slaves, n’accusait guère sa filiation latine. Les paysans opprimés et exploités végétaient tristement. Point de protecteurs. Les Russes qui occupèrent le pays de 1806 à 1812 n’y laissèrent que de fâcheux souvenirs et en partant, ils annexèrent la Bessarabie. Déjà en 1775 l’Autriche s’était fait

  1. En attribuant en 1797, Venise à l’Autriche, Bonaparte lui avait aussi cédé la Dalmatie, mais dès 1806, cette province côtière avait été reprise par la France. La petite république de Raguse demeurée libre jusque là avait été supprimée et bientôt toute l’Illyrie avait passé sous la domination française laquelle se perpétua en ces parages jusqu’en 1813.