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Sept îles »[1] persécuta les Ioniens qui se déclaraient pour leurs frères hellènes. En France, M. de Villèle demandait, à propos de la Grèce révoltée « quel grand intérêt on pouvait prendre à cette localité ». Quant au tsar Alexandre, il avait d’abord encouragé le mouvement dont les dirigeants, Ypsilanti, Capo d’Istria… étaient à son service et dont le siège social était à Odessa avant d’être, dès 1818, audacieusement transporté à Constantinople ; mais la constitution d’Épidaure, trop démocratique l’en avait détaché. Il en était pour lui des Hellènes comme des Roumains. Il les voulait bien tenir sous son protectorat mais non point aider à leur complète émancipation.

Cependant dans le monde entier, émus par les faits d’héroïsme dont l’écho leur parvenait, les « philhellènes » se groupaient. Des volontaires accouraient : Byron, Fabvier, Santa Rosa… ; Eynard à Genève, Owe à Boston recueillaient de l’argent, aidaient par tous les moyens. Le président des États-Unis, Monroe fit scandale en énonçant dans son message de 1823, « la très forte conviction que la Grèce deviendrait de nouveau une nation indépendante ». Encore fallait-il qu’on lui vint en aide car l’empire ottoman aux abois se décidait à réclamer le secours de Mehemet Ali. Le sultan le détestait, ce vassal hautain qui n’était même point de sa race, mais

  1. Les sept îles Ioniennes avaient été en 1797 occupées par Bonaparte qui les considérait comme « plus intéressantes que toute l’Italie ensemble ». Par la suite ces îles furent constituées en une république dont la Turquie n’exerçait que le protectorat nominal. Au congrès de Vienne l’Angleterre, malgré la Russie se fit transférer le protectorat qu’elle détint jusqu’en 1863 à l’avènement du roi Georges de Grèce.