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Page:Pierre de Coubertin Pour ceux qui vont en Grèce.djvu/11

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On dit : les Égyptiens, les Phéniciens, les Arabes comme on dit : les Français, les Espagnols, les Anglais, comme on dit : Rome, Venise, Byzance pour désigner les annales de ces peuples ou des États dont ces villes furent les capitales. Mais quand il s’agit des Hellènes, une expression inusitée s’impose. On dit alors : l’Hellénisme. Et, en effet, l’histoire des Hellènes, c’est avant tout l’histoire de l’Hellénisme, c’est-à-dire d’une forme de civilisation ou mieux d’une conception de la vie différentes de celles des autres races et dont ils ont posé l’empreinte partout où ils ont passé, sauf en Égypte et en Palestine. Avant donc que de rien décrire, il faut ici définir. Les écrivains y manquent généralement et d’autant plus à tort qu’il s’agit de précisions aisées à donner. Le caractère essentiel de l’Hellénisme s’affirme avec une clarté parfaite. L’Hellénisme est, avant tout, le culte de l’humanité dans sa vie présente et son état d’équilibre. Et qu’on ne s’y trompe point, voilà une grande nouveauté dans la mentalité de tous les peuples et de tous les temps. Partout ailleurs, les cultes se sont basés sur l’aspiration à une vie meilleure, sur l’idée de la récompense et du bonheur outre-tombe et la crainte de la punition pour qui a offensé les Dieux. Mais ici, c’est l’existence présente qui est le bonheur. Outre-tombe, il n’y a que le regret d’en être privé ; c’est une survivance diminuée. Aussi faut-il une « consolatrice des morts » à ces prisonniers de