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Page:Pierre de Coubertin Pour ceux qui vont en Grèce.djvu/22

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ou « gens de la côte », vint en aide au peuple endetté et pressuré par les Eupatrides. Le démocratisme était la base des idées helléniques et il en tirait une grande force de propagande et d’action. Il était donc fort difficile de lui résister indéfiniment. Les Eupatrides durent composer avec lui. C’est alors que, d’un commun accord, on appela Solon qui, étant à la fois commerçant, intellectuel et de bonne naissance, se trouvait singulièrement apte au rôle d’arbitre. En l’an 594 av. J.-C., on lui remit les pleins pouvoirs. Solon rédigea une constitution dont l’entrée en vigueur s’accompagna de mesures d’amnistie : rappel des bannis, abolition des dettes, etc… et qui présenta un curieux amalgame de hardiesses radicales et de préoccupations économiques. En assurant, comme il le fit, des avantages marqués à la richesse acquise, Solon craignait sans doute que l’athénien pauvre, appelé par lui, d’autre part, à la vie politique, ne se donnât pas assez de peine pour enrichir l’État en s’enrichissant lui-même et qu’il ne cherchât plus à gagner au-delà des quelques oboles nécessaires à sa subsistance. Sous des cieux trop cléments, c’est là un péril lorsque le pain, un peu de poisson grillé, des figues et des oignons suffisent à l’homme que vient distraire en même temps le spectacle des affaires publiques traitées dans le plein air de l’« agora ». Mais, par ailleurs, Solon ne recula devant aucune nouveauté démocratique. On ne saurait prêter trop d’attention à cette constitution d’il y a vingt cinq siècles, qui opéra une véritable révolution et contint en germe tout l’avenir politique de l’Hellénisme. Elle établissait, côte à côte, un Sénat de quatre cents membres élus chaque année