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malgré certaines qualités aimables, furent nuisibles à leur patrie en dirigeant contre ses libertés une coupable tentative. Le peuple l’emporta et son chef, Clisthène put, « reprenant l’œuvre au point où Solon l’avait laissée, la porter d’un seul coup presque au terme ». Ainsi, en moins d’un siècle, le démocratisme athénien avait trouvé sa formule complète. Aristote, peu porté à louer la démocratie, convient que les réformes de Clisthène donnèrent des résultats remarquables et Hérodote dit qu’elles augmentèrent la puissance d’Athènes. Cette ville était désormais placée en pleine lumière et devenait τῆς Ἑλλάδος παίδευσιν, « l’éducatrice de la Grèce » : parole que Thucydide attribue à Périclès. Mais le jeu même des institutions nouvelles, avait pour conséquence la lutte des partis. À Athènes, comme dans les cités qui s’inspirèrent de son exemple, deux grands partis se formèrent ; celui du peuple et celui des aristocrates, chacun avec ces chefs et son organisation ; et une saine rivalité les opposa l’un à l’autre. Les descendants des anciens « Eupatrides » n’étaient plus très nombreux, mais il y avait une aristocratie d’argent qui avait hérité de leurs prétentions et qu’il était de l’intérêt de la république de ne point détruire ni décourager tout en l’empêchant de confisquer le pouvoir à son profit. Par malheur, les partis aristocratiques, là comme ailleurs, furent dangereusement tentés de s’appuyer sur la cité qui, au centre même de la Grèce, se dressait en plein contraste avec Athènes. Sparte jouissait alors d’un grand prestige militaire. Elle y avait atteint au moyen d’institutions basées sur l’oligarchisme le plus forcené dont l’histoire fasse mention. Tous les