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Elle ne le détourna point de son attachement à Apollon ; donc il restait hellène. Son ami Héphestion était pour lui une manière de grand vizir, mais il gardait pour principal confident et conseiller intime son dévoué et remarquable secrétaire, Euménès de Kardia. D’autre part, la noblesse iranienne dont il avait besoin pour son armée s’était éprise de lui. Il ne pouvait pas ne pas l’estimer à sa haute valeur. A-t-il rêvé de créer le surhomme-type par la fusion des races ? C’est possible. En épousant une princesse perse, il donna l’exemple et quatre-vingts de ses généraux en firent autant. Ses soldats les imitèrent. Fallut-il faire pression sur eux ? C’est peu probable. En tous cas à Suse, dès 325, on comptait dix mille enfants nés de ces mariages mixtes. On a dit qu’Alexandre songeait à transplanter par échange les populations d’Anatolie et de Thrace ; il est à remarquer que des deux parts, il s’agissait de populations hellénisées et non point de pur sang hellène. La distinction vaut d’être relevée, car elle éclaire la pensée du conquérant.

Mais pour hellène qu’il fut resté, Alexandre était devenu empereur ; il est le premier des empereurs grecs. Dès son temps, il y eut passablement d’Hellènes séduits par l’idée de la monarchie universelle, si peu hellénique fut-elle, mais c’était pourtant la minorité. La grande majorité y était hostile. On ne comprenait pas aisément en Grèce le spectacle auquel on assistait. D’ailleurs l’absence de nouvelles et plus encore les fausses nouvelles devaient induire l’opinion en de constantes erreurs. Pendant ce temps, à Babylone, au comble de la gloire, Alexandre recevait des ambassadeurs étrusques, romains, carthaginois,