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soixante-dix villes nouvelles et les Séleucides, environ trente-quatre. Toutes avaient reçu les institutions fondamentales de la cité grecque et ce n’était pas la présence d’une sorte de gouverneur royal, exerçant le plus souvent un contrôle assez vague qui, au iiie et au iie siècles, en entravait le fonctionnement. Le péril pour l’hellénisme était autre. Il provenait de l’incompatibilité — absolue celle-là — qui existait entre le fonctionnarisme égyptien ou les castes spécialisées de Babylone et le principe administratif grec que « tout citoyen cultivé peut être apte à n’importe quelle fonction ». Ajoutez-y que, dans ces villes nouvelles, les unes trop populeuses et cosmopolites, les autres trop isolées, le rôle de l’agora allait s’abaissant. Le débat public y perdait de l’ampleur et de l’intérêt et cessait d’être une école de civisme. Malgré tout, la résistance de la cité et de ses rouages fut longue et tenace. Cent cinquante ans après J.-C., Séleucie avait encore ses collèges d’éphèbes et une assemblée municipale de trois cents membres et il existait à Babylone un gymnase dont on a retrouvé le palmarès.

En religion, comme en politique, une tendance unitaire se manifestait préparant les voies au christianisme ; elle les préparait aussi à l’empire romain, mais de façon moins consciente et claire puisque, dans ce domaine, nulle réalisation n’était encore intervenue — en occident du moins ; et l’Inde ou la Chine étaient trop loin pour qu’on sût ce qui s’y passait. La tolérance s’était largement répandue. L’idée antique que les dieux d’une nation étaient maîtres chez eux y aidait singulièrement. Il semblait tout naturel à l’étranger, de passage ou domicilié, de s’as-