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les gens de Pergame inventèrent d’y suppléer en fabricant le parchemin.

Il n’est point jusqu’à l’art qui ne se laissât orienter vers l’utilitarisme obligatoire ; la « tour lumineuse » de Pharos (d’où vint le nom de phare), qui dressa ses étages de marbre blanc sur un rocher abrupt à l’entrée du port d’Alexandrie, remplaça dans l’admiration des contemporains les plus beaux portiques d’antan. Cela ne se fit point, bien entendu, sans danger de déclin. Chez les sculpteurs, le goût de la violence dans le mouvement prit le pas sur celui des attitudes harmonieuses ou bien, d’accord avec les architectes, ils aimèrent le colossal. À Tarente se dressa un Jupiter de soixante pieds de haut et Antioche eût une Minerve géante. Les bateaux passèrent entre les jambes du fameux « colosse de Rhodes ». Un original proposa de sculpter le mont Athos en figure humaine. L’eurythmie périclitait de la sorte.

Les études philosophiques gardaient pourtant tout leur attrait, mais les circonstances et l’ambiance générale agissaient aussi sur elles. Les premiers philosophes avaient été des astronomes et des physiciens ; Thalès de Milet (639-568), Anaximandre et leurs disciples cherchaient dans la nature le principe de la vie universelle. Les éléments, l’air, le feu, l’eau, les phénomènes de raréfaction et de condensation avaient fixé tour à tour leur attention sans satisfaire pleinement leur curiosité. Au cours de ces tâtonnements où l’intuition et l’expérience s’aidaient l’une l’autre, les précurseurs s’étaient élevés peu à peu à l’idée de l’unité de substance, de l’espace infini, de la combinaison possible d’atomes indivisibles et indestructibles. Puis tandis qu’Euclide