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et l’étude, mais il était de caractère faible. « Consciencieux et médiocre » a-t-on dit de lui. On lui doit pourtant les Codes de lois qui portent son nom et surtout la fondation en 425 de l’université de Byzance, événement d’une haute portée dû très probablement à l’initiative de l’impératrice Eudocie. Née païenne, fille d’un modeste professeur athénien, elle avait été choisie par Pulchérie à cause de son humble extraction et par Théodose à cause de sa radieuse beauté. C’était une femme de la plus rare culture. Athènes qui, trois siècles plus tard ne serait plus qu’« une petite ville de province tranquille et dévote », restait encore en ce temps là « le dernier asile des Lettres païennes ». Eudocie y avait puisé l’amour non seulement de la littérature, mais des sciences et de la philosophie. Nous savons qu’en 438, visitant Antioche et reçue dans le palais du Sénat, elle y prononça une harangue enthousiaste en l’honneur de l’Hellénisme. À ce moment son influence sur Théodose d’abord très considérable déclinait au profit de son impérieuse belle-sœur, mais en 425 son crédit demeurait entier[1] et la prépondérance donnée aux études grecques dans le programme de la nouvelle université doit avoir été son œuvre.

Jusqu’alors il n’y avait point eu d’enseignement

    le caractère sacré dérivant du titre impérial était indépendant des liens conjugaux et comportait une consécration ineffaçable.

  1. Après bien des vicissitudes et des malheurs Eudocie se retira à Jérusalem. Elle y vécut dix-huit ans. Un incident romanesque lui avait aliéné injustement le cœur de son époux. Elle laissa entr’autres ouvrages un poème singulier dont on a dit avec raison que, malgré sa lourdeur, il évoquait à la fois Dante et Shakespeare.