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rentrèrent-elles sous l’autorité impériale. En vain des mesures ingénieuses et intelligentes furent-elles prises pour organiser la défense et la mise en valeur des terres reconquises. En vain de sages réformes furent-elles introduites dans l’administration tandis que les travaux publics recevaient un grand essor et qu’une diplomatie habile et remuante multipliait les missions et les ambassades de propagande. Ni la sécurité, ni la prospérité ne naquirent, du moins à un degré suffisant, pour étayer une pareille entreprise. Avant de l’oser, Justinien avait dû s’assurer la paix du côté de l’orient en signant avec les Perses alors menaçants un traité qui laissait les choses en l’état (532). Il avait aussi mis fin à la discorde religieuse en négociant avec le pontife romain une entente indispensable. Dès 525, il l’avait convié à venir à Byzance. Le pape Jean y avait été reçu avec de grands honneurs. Enfin il lui avait fallu réduire au silence les factieux qui pouvaient ébranler le trône. De sourdes révoltes couvaient alors ; les règnes précédents avait engendré du mécontentement ; la population de la capitale s’agitait. Une insurrection éclata soudain dont nous pouvons apprécier l’ampleur, mais dont nous connaissons mal le détail. Elle fut si grave que Justinien perdit contenance et, un moment, parla d’abdiquer. Ce fut Théodora qui, par sa vaillance, sauva la couronne en tenant tête à l’orage mais au prix d’une cruelle répression. On dit que trente mille victimes jonchèrent le sol de l’hippodrome où la lutte s’était concentrée. Mais à partir de ce moment, l’empereur eut les mains libres.

Théodora mourut en 548 pleurée par Justinien dont elle avait été jusqu’au bout la confidente