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féconde, telle fut la récompense de tant d’efforts coordonnés et répétés. Lorsqu’en 1018, Basile ii accomplit à travers la Bulgarie son triomphal voyage, il put être fier de constater que l’ayant conquise par sa vaillance, il l’avait aussi, par sa sagesse et sa modération, pacifiée en quatre années. Et lorsqu’Athènes reçut la visite impériale, ce dut être dans tout le monde hellénique un émoi singulier que la vue de ce contact entre la gloire présente et la mémoire des grands ancêtres.

D’autant que cette gloire apparaissait solide et raisonnable parce qu’à la différence de ce qu’avait poursuivi Justinien, la force présente reposait sur l’homogénéité. Jamais le noyau de l’empire n’avait été aussi ramassé et compact, aussi « d’un seul morceau » au point de vue de la langue, de la religion, des idées. Le grec dominait partout ; tous, même dans les rangs des troupes mercenaires, s’appliquaient à le parler. L’organisation ecclésiastique était à l’apogée avec cinquante-sept métropoles, quarante-neuf archevêchés, et cinq cent quatorze évêchés. L’université, agrandie et prospère, attirait des étudiants de toutes les régions. Malgré l’exagération du régime protectionniste des monopoles et des prohibitions, le commerce s’était développé grandement ; l’agriculture de même. Les finances étaient administrées avec méthode et probité. Aussi à la fin du règne de Basile ii, les revenus de l’État dépassaient-ils trois milliards ; ce prince en mourant, laissa une réserve de plus d’un milliard.

Il laissa, ce qui était plus précieux encore, une armée et une flotte redoutables. L’armée, lui et ses prédécesseurs l’avaient endurcie par un