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HYMNES HOMÉRIQUES. POËMES CYCLIQUES.


Hymne à Bacchus.


L’Hymne à Bacchus semble avoir été conçu primitivement sur des proportions non moins vastes que tous ceux dont je viens de parler. Mais il n’en reste qu’une faible portion, le récit de la captivité du dieu sur un navire monté par des pirates tyrrhéniens, et de la vengeance qu’il avait fait subir à ses ravisseurs. L’hymne se trouve ainsi réduit à la dimension d’un simple proème ; mais il n’en a ni la forme ni le ton. Il est impossible d’y voir autre chose qu’un fragment d’une œuvre plus considérable. La perte d’ailleurs n’est pas de nature à nous laisser de bien vifs regrets, je ne dis pas sous le rapport mythologique mais quant au style et à la poésie, si la pièce entière ne valait pas mieux que l’échantillon.


Le Cycle poétique.


L’opinion vulgaire attribuait aussi à Homère la plupart des épopées qu’on nommait cycliques, parce qu’elles formaient, avec l’Iliade et l’Odyssée, un grand cycle, c’est-à-dire un cercle, composé d’une suite de poëmes qui tenaient les uns aux autres. Le cycle poétique commençait, suivant quelques-uns, à la naissance du monde, et finissait à la mort d’Ulysse. Mais on donnait plus particulièrement le nom de poëmes cycliques aux épopées dont les événements de la guerre de Troie avaient fourni le sujet, et dont les auteurs s’étaient évidemment proposé de compléter l’œuvre d’Homère. Une chose assurément fort remarquable, c’est que pas un de ces poëtes n’avait empiété sur les domaines de l’Iliade et de l’Odyssée. Ils avaient donc entre leurs mains l’Iliade et l’Odyssée elles-mêmes, et non pas seulement ce fatras épique d’où Wolf et ses adhérents rêvent qu’on les a tirées. S’ils se sont bornés aux reliefs des festins d’Homère, c’est qu’ils savaient apparemment ce qu’Homère avait pris pour lui : on ne respecte pas ce qu’on ignore. Ces poëtes méritaient d’avoir du talent, car ils prisaient dignement le génie. Mais les critiques anciens, qui avaient sous les yeux leurs ouvrages, aujourd’hui