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POËMES CYCLIQUES.

Samien. Il avait donné, dit-on, l’hospitalité dans le temps à Homère, et avait reçu de lui en cadeau le poëme de la Prise d’Œchalie. Mais Callimaque, au contraire, montre clairement, dans une épigramme, que Créophyle l’avait composé, et qu’on l’attribuait à Homère à cause de ses relations d’hospitalité avec Créophyle : Je suis l’œuvre du Samien qui jadis reçut dans sa maison le divin Homère. Je pleure les maux qu’endurèrent Eurytus et la blonde Iolée. On me nomme un écrit homérique : c’est là, par Jupiter ! un grand honneur pour Créophyle. » Il ne reste de la Prise d’Œchalie qu’un seul vers, et qui n’est même pas entier.

Je n’ai pas épuisé la liste des poëmes cycliques. J’ai passé sous silence tous ceux dont le titre seul nous est connu, la Phoronide, l’Europie, les Corinthiaques, etc. Je me suis abstenu aussi d’énumérer les noms obscurs d’une foule de poëtes dont on ne sait rien, sinon qu’ils ont vécu dans des siècles assez rapprochés d’Homère et d’Hésiode, et qu’ils s’étaient essayés dans l’épopée. Qu’importe qu’il y ait eu un Chersias d’Orchomène, un Asius de Samos, ou tel autre personnage non moins ignoré ? Nous n’avons pas même les titres de leurs ouvrages.

La perte peu s’en faut complète des épopées cycliques n’est peut-être pas un bien grand malheur. Il y a cependant telle de ces compositions, la Thébaïde par exemple, dont je ne saurais m’empêcher de regretter la disparition. C’est évidemment à cette source antique qu’avaient puisé les poëtes qui ont fait verser tant de larmes sur les infortunes d’Œdipe et de ses enfants. Les autres poëmes cycliques n’ont pas dû être inutiles non plus à Eschyle, à Sophocle, à Euripide, à tous les poëtes qui s’appliquaient à raviver sans cesse l’illustration des héros des vieux âges.