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CHAPITRE XIV.

de dessus leurs tempes. L’essieu brûlant dans les moyeux faisait entendre un sifflement ; car il était pressé des deux côtés par le mouvement circulaire des roues, quand les coursiers redoublaient de vitesse. C’était au lieu où sont les portes des chemins de la nuit et du jour… ; c’est l’austère Justice qui en tient les clefs. Les vierges, s’adressant à elle avec des paroles douces, lui persuadèrent adroitement d’enlever pour elles à l’instant les verrous des portes ; et les battants s’ouvrirent au large, en faisant rouler dans leurs écrous les gonds d’airain fixés au bois de la porte par des barres et des chevilles. Soudain, par cette ouverture, les vierges lancèrent à l’aise le char et les coursiers.

« La déesse m’accueillit favorablement ; et, me prenant la main droite, elle me parla ainsi : « Jeune homme, toi que guident des conductrices immortelles,… réjouis-toi ; car ce n’est pas un destin funeste qui t’a poussé sur ce chemin, bien en dehors de la route battue : c’est la Loi suprême et la justice. Il faut que tu connaisses tout, et les entrailles incorruptibles de la vérité persuasive, et les opinions des mortels, qui ne renferment pas la vraie conviction mais l’erreur ; et tu apprendras comment, en pénétrant toutes choses, tu devras juger de tout d’une manière sensée. »

On voit que Parménide, quand il composa son poëme, n’était pas fort avancé en âge, puisqu’il se fait donner le titre de jeune homme. En tout cas, c’était longtemps avant ce voyage d’Athènes qui a fourni à Platon l’occasion du fameux dialogue. Parménide, à l’époque où il vint en Attique, c’est-à-dire en 460, avait déjà soixante-cinq ans.


Empédocle.


Empédocle d’Agrigente n’était pas ce fou dont parle Horace, qui se précipita dans le cratère de l’Etna afin de passer pour un dieu. Si Empédocle périt véritablement dans les fournaises de la montagne, ce n’est pas une vanité insensée, c’est le désir de connaître et de s’instruire qui l’avait conduit au bord du gouffre béant. Il essayait d’examiner de près l’é-