Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
273
ESCHYLE.

Une ligne de signaux par le feu, qu’Agamemnon a fait établir, doit annoncer à Argos la prise de Troie, le jour même où succombera la ville de Priam. Un homme veille sur le toit du palais des Atrides, épiant, dans l’obscurité de la nuit, la lueur de la bonne nouvelle. Il allait se désespérer, quand il voit briller le joyeux signal. Il descend éveiller la reine. Cependant le chœur paraît. Ce sont des vieillards, que les infirmités de l’âge ont empêchés de suivre Agamemnon. Ils chantent et l’origine de la lutte entre l’Europe et l’Asie, et les prophéties de Calchas, et le sacrifice d’Iphigénie à l’autel de Diane. Clytemnestre vient se réjouir avec eux de la nouvelle qui met fin à toutes les anxiétés. Puis le temps s’est écoulé ; et un héraut arrive, qui décrit le spectacle de la prise d’Ilion. Bientôt Agamemnon entre lui-même sur la scène avec Cassandre sa captive. Clytemnestre fait à son époux un accueil empressé. Agamemnon entre dans le palais ; mais Cassandre reste muette et immobile, à tous les témoignages d’intérêt que lui prodigue la reine. Seule avec le chœur, elle est saisie tout à coup de l’esprit prophétique. Elle décrit tous les forfaits dont le palais a déjà été ensanglanté et tous ceux qui se préparent ; puis, entraînée par une force irrésistible, elle court se livrer au fer des bourreaux. On entend les cris d’Agamemnon qui expire, et le palais s’ouvre. Clytemnestre, debout à côté des deux victimes, se glorifie d’un meurtre qui n’est à ses yeux que la juste vengeance du meurtre d’Iphigénie. Égisthe, à son tour, vient s’applaudir de la part qu’il a prise par ses conseils à l’assassinat d’Agamemnon.

Il s’est écoulé plusieurs années ; la deuxième action commence. Oreste a grandi ; l’oracle lui a commandé de punir les meurtriers de son père. Il revient de son exil, accompagné de Pylade, et il s’arrête près du tombeau d’Agamemnon. Il invoque les mânes paternels, et annonce ses projets de vengeance. Cependant conduites par Électre, des captives troyennes viennent faire des libations[1]. C’est Clytemnestre

  1. De là le titre de la pièce. Le mot choéphores signifie les porteuses de libations.