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ORATEURS DE LA FIN DU CINQUIÈME SIÈCLE AV. J. C.

florissantes. Pénétré de ces sentiments, je remets ma vie entre vos mains. »

Tout le reste du discours sur les Mystères est digne de ce début. Andocide s’élève jusqu’au pathétique, quand il raconte ce qui s’est passé dans la prison où il était enfermé avec ses proches, et comment ceux-ci l’ont déterminé à faire des révélations. Il y a aussi des portraits de quelques-uns de ses ennemis, qui sont tracés de main de maître. Les autres discours d’Andocide, sans être des chefs-d’œuvre, sont remarquables par des qualités analogues, et précieux, comme le discours sur les Mystères, par les détails intéressants qu’ils nous fournissent concernant l’histoire contemporaine.


Lysias.


Lysias, que les Alexandrins nomment avec Antiphon et Andocide, est bien plus connu, non pas peut-être parce que nous possédons de lui un assez grand nombre de discours, mais parce que Cicéron a célébré plus d’une fois ses mérites. Il était né à Athènes en 459. Céphale, son père, était un riche Syracusain établi depuis quelque temps en Attique. Lysias, avec son frère aîné Polémarque, alla habiter Thuries en Italie, après la mort de son père. Il y resta longtemps, et il ne revint à Athènes qu’en l’année de la mort de l’orateur Antiphon. Après la prise d’Athènes par les Lacédémoniens, ils furent en butte, Polémarque et lui, à la haine des Trente. Leurs biens furent confisqués, et Polémarque forcé de boire la ciguë. Lysias s’enfuit à Mégare avec d’autres proscrits. Il rentra dans Athènes après la destruction de la tyrannie, et il fut admis par Thrasybule au nombre des citoyens. On lui contesta depuis ses droits ; et, pour un simple défaut de forme, il les perdit sans pouvoir jamais les recouvrer. Il mourut en 379, à quatre-vingts ans.

Lysias avait écrit plus de deux cents discours ; mais il n’en avait personnellement prononcé que quelques-uns. Sa condition d’étranger ne lui permettait pas de se mêler activement des affaires politiques ni de monter à la tribune : il écrivait pour d’autres, ou simplement pour être lu. C’est surtout comme