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CHAPITRE XXXII.

plus heureuse harmonie la magnificence du mètre poétique et le mouvement libre et naturel du discours. On pourrait lui appliquer les expressions célèbres de Montaigne sur la sentence pressée au pied nombreux de la poésie. Telle période d’Isocrate se faisait applaudir comme de beaux vers, et se gravait de même dans les mémoires ; mais ni les beaux vers ni même les belles périodes ne peuvent véritablement se traduire, et je ne puis qu’indiquer, en exemple de ces développements où le discours est comme une belle rivière qui coule à pleins bords, le passage du Discours panégyrique qui embrasse la seconde guerre Médique ; morceau triomphant, qui éclipsa absolument, quand il parut, le Discours funèbre, jusque-là fameux, de Lysias. Ce sont là des phrases dont les Athéniens s’enivraient, non pas seulement, comme disait Socrate, parce qu’ils y étaient loués, mais parce qu’elles sont magnifiques. L’auteur, enivré lui-même, trouvait qu’en comparaison de sa manière, celle des orateurs ordinaires était bien petite ; et Denys n’a pas assez d’expressions pour célébrer la grandeur, la dignité, la majesté de ce style, et cette élévation merveilleuse du ton qui est celle d’une langue de demi-dieux plutôt que d’hommes. »

Ne blasphémons donc plus Isocrate. C’est Paul Louis Courier qui avait raison, quand il s’écriait : « Quel écrivain ! quel écrivain ! » Ajoutez que tous ceux des contemporains d’Isocrate qui excellèrent dans son art l’avaient appris de lui, même ce Théopompe qui se vantait insolemment d’être le premier qui eût su écrire en prose. Courier, dans une lettre à un Suédois de ses amis, compare Isocrate au grand Gustave, qui suscita par ses exemples tant d’illustres capitaines.


Isée.


Isée, qui fut le rival d’Isocrate comme maître de rhétorique, est beaucoup moins connu qu’Isocrate. On ne sait ni où il naquit, ni la date de sa naissance, ni celle de sa mort. Il avait été à l’école de Lysias, et il compta Démosthène parmi ses disciples. Quelques-uns lui attribuent l’invention