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CHAPITRE XXXVIII. — LITTÉRATURE ALEXANDRINE.

blement occupée, et qu’ils ont racheté par des travaux utiles les erreurs de leur amour-propre, il ne faut que les plaindre d’avoir perdu un temps précieux à mesurer des syllabes et à aligner de prétendus vers ; il faut se rappeler les services qu’ils ont rendus, et insister moins rudement sur leurs ridicules. Pourtant ne doit-on pas mettre au-dessus d’eux les hommes qui ont eu assez de raison pour se résigner à n’être que des érudits, des littérateurs, des grammairiens, des savants, des maîtres de la jeunesse ? Je ne saurais trop féliciter les anciens d’avoir distingué les noms de quelques-uns de ceux-ci, et de leur avoir fait une part de gloire. Zénodote d’Éphèse a été surfait par eux ; mais Aristophane de Byzance et Aristarque méritaient, et au delà, toutes les louanges, particulièrement Aristarque, dont le nom est resté synonyme, depuis vingt siècles, de bons sens, de bon goût, de jugement éclairé et solide. Nous devons infiniment à ces deux hommes. N’eussent-ils fait que nous donner un Homère pur et correct, ils auraient des droits encore à une vive reconnaissance. Mais la recension des poésies homériques et l’interprétation de ces vers immortels n’a été qu’une petite portion de leurs travaux. Ils ont restauré les textes de tous les auteurs anciens qu’ils comptaient parmi les classiques ; et il n’a pas tenu à eux que nous n’ayons Sophocle, ou Eschyle, ou Euripide, ou Aristophane, ou même Eupolis et Ménandre, aussi complets, aussi conformes que nous avons encore Platon et Homère.