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STOÏCIENS NOUVEAUX.

est un résumé fidèle et très-bien fait des relations originales rédigées ou par les compagnons d’armes du conquérant macédonien, ou par les historiographes attachés à sa personne. Le récit est clair et intéressant ; la marche des armées, les batailles, les siéges, sont retracés de main de maître. Le style a les mêmes qualités qu’on admire dans les Dissertations, et l’ouvrage n’est pas indigne d’être rapproché de l’Anabase ; car c’est encore Xénophon qu’Arrien avait pris pour modèle dans cette composition historique. Cette histoire l’emporte infiniment sur tous les autres ouvrages dont Alexandre a fourni le sujet. L’Indique, qui en forme le complément, est écrite en dialecte ionien, dans la manière d’Hérodote. La description qu’Arrien nous a laissée de l’Inde, des mœurs des habitants, de leurs institutions, de leur caractère, s’accorde mieux que toutes les autres relations antiques avec ce que nous savons aujourd’hui de cette merveilleuse et immuable contrée. Arrien avait continué ses récits au delà du règne d’Alexandre. Photius donné l’abrégé de l’histoire des successeurs du conquérant macédonien, et nous apprend que cette histoire avait dix livres. Arrien avait écrit d’autres ouvrages de philosophie, d’histoire, de géographie, dont il ne reste que peu de chose, et deux traités sur l’art militaire et un autre sur la chasse, que nous possédons tous les trois. C’était un homme d’État, un général distingué, et non point un rhéteur ou un sophiste. Il était né à Nicomédie en Bithynie, dans les premières années du deuxième siècle. Il porta les armes avec distinction sous Adrien, et il s’éleva, par ses talents seuls, à une haute fortune. Dès l’an 134 il fut nommé gouverneur de la Cappadoce, et les Antonins lui prodiguèrent des marques de leur estime et de leur bienveillance.


Marc-Aurèle.


Le deuxième Antonin, que nous nommons ordinairement Marc-Aurèle, a écrit en grec l’admirable livre intitulé Pour lui-même, autrement dit les Pensées : « Jamais philosophe, dit Montesquieu, n’a mieux fait sentir aux hommes les douceurs de la vertu et la dignité de leur être que Marc-Antonin. Le