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CHAPITRE XLVII.

Babrius était un Romain et non pas un Grec, à cause de la forme latine de son nom, Valerius Babrius. Quelques latinismes, qu’il a laissé échapper çà et là, semblent appuyer cette dernière conjecture. Mais on ignore véritablement l’époque où vivait Babrius. Julien est le premier auteur qui ait cité son nom. Peut-être le roi Alexandre et son fils Branchus n’ont-ils rien de commun avec la maison des princes syriens ; peut-être Babrius a-t-il écrit dans le deuxième ou dans le premier siècle de notre ère ; et il n’est pas même prouvé que certains critiques aient absolument eu tort d’en faire un contemporain d’Auguste.


Recueil des Fables de Babrius.


Il y a quelques années, Babrius était à peu près inconnu. On possédait à peine le texte d’une douzaine de ses fables, tant bien que mal restitué par de savants philologues. On disputait sur son nom : quelques-uns voulaient que ce fût Babrias, ou même Gabrias. Aujourd’hui nous sommes plus avancés. Minoïde Mynas a trouvé, dans un couvent du mont Athos, un manuscrit qui contient cent vingt-trois fables. C’est plus de la moitié de ce que devait contenir le recueil total de Babrius, comme il est facile de s’en assurer au simple coup d’œil. Les fables sont disposées par ordre alphabétique, d’après la première lettre du premier vers de chacune. Or, nous les lisons toutes sans interruption, depuis l’alpha jusqu’à l’omicron inclusivement ; et il y en a quatre qui commencent par l’omicron.

Les Fables de Babrius sont intitulées Mythiambes, c’est-à-dire Fables ïambiques. Elles sont écrites en vers scazons. Babrius n’est pas le premier fabuliste qui ait appliqué à l’apologue la forme métrique inventée par Hipponax. Callimaque l’avait fait bien avant lui, comme on le voit par les fragments de ses poésies perdues ; et d’autres sans doute l’avaient fait avant Callimaque. Mais il est douteux que pas un des conteurs ésopiques ait manié le choliambe avec plus de dextérité et de bonheur que Babrius.