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ÉCOLE D’ATHÈNES.

trême vieillesse, avait voulu lire et étudier, avec un jeune homme de si grande espérance, certains dialogues de Platon, et qu’il lui avait fait rédiger des commentaires, en lui disant : « C’est sous ton nom que les connaîtra la postérité. »

Proclus était né en 412 à Xanthe en Lycie, ou, selon d’autres, à Constantinople, mais d’une famille lycienne. Il alla fort jeune faire ses premières études à Alexandrie ; puis il vint, à l’âge de vingt ans, se mettre à Athènes sous la direction de Plutarque et de Syrianus. Après avoir complété son éducation par les voyages, il se fixa à Athènes, et il succéda, vers l’an 450, à Syrianus dans la direction de l’école. De là le surnom de Diadochus, c’est-à-dire successeur, qu’on joint quelquefois à son nom. Il enseigna pendant plus de trente années avec un succès extraordinaire, et il mourut en l’an 485. C’est le dernier des grands philosophes grecs ; c’est aussi le dernier des grands prosateurs et le dernier des grands poëtes. La littérature grecque eut l’insigne honneur de finir avec un homme en qui revivait tout à la fois quelque chose de l’âme d’Homère et quelque chose de l’âme de Platon.


Traités philosophiques de Proclus.


Proclus avait beaucoup écrit. Quoique nous ne possédions qu’une portion de ses œuvres, ce reste est très-considérable, et contient des traités d’une importance capitale, entre autres les immenses commentaires sur le Timée, sur le Parménide, sur l’Alcibiade, et les Éléments de Théologie. Il y a aussi certains opuscules fort remarquables, dont les originaux grecs ont péri, et qui n’existent plus que dans une grossière et défectueuse traduction latine du treizième siècle. La manière de Proclus n’a rien de la brusquerie impétueuse, du désordre, de la confusion que nous avons signalés dans les écrits de Plotin : elle se rapproche plutôt de l’élégance facile et agréable de Longin et de Porphyre. Le penseur profond et le savant universel ne font jamais tort à l’écrivain. Proclus s’avance méthodiquement, lentement, avec détail, mais avec clarté, disant tout ce qu’il a à dire, ne laissant rien à deviner au lecteur. C’est un excellent auteur didacti-