Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
V
PRÉFACE.

rique de Timon le sillographe et retentir les sublimes accents de Cléanthe.

Alexandrie, sous les Ptolémées, aspire à se faire proclamer l’héritière d’Athènes ; et les contemporains la saluent de ce titre, que n’ont point ratifié les siècles. La Sicile, plus heureuse, ajoute le nom de Théocrite à ceux des grands poëtes. Enfin les Romains sont les maîtres dans la Grèce. La puissante fécondité de l’esprit grec sommeille, mais non pas sans se réveiller par intervalles. C’est dans cette période, néfaste à tant d’égards, qu’écrivirent et Polybe l’historien philosophe, et les deux admirables moralistes Panétius et Posidonius. Mais bientôt on n’entend plus que la voix des sophistes et des faux orateurs, que les chants discordants des faux poëtes.

Le siècle des Antonins assiste à la résurrection littéraire d’un peuple que tous croyaient mort à jamais. Plutarque écrit les Vies des grands hommes, et laisse des chefs-d’œuvre en d’autres genres encore. Les stoïciens nouveaux sont dignes des maîtres du Portique. Lucien rivalise de génie, d’esprit et de style avec les plus parfaits prosateurs de l’ancienne Athènes. La poésie n’élève pas bien haut ses ailes : pourtant Oppien et Babrius sont plus que d’habiles versificateurs. Alexandrie trouve enfin sa voie, qu’elle avait longtemps cherchée en vain : Plotin, Longin, Porphyre, font admirer à l’univers de hautes et profondes doctrines et des talents supérieurs. L’école d’Athènes, fille et héritière de l’école d’Alexandrie, a aussi ses écrivains. Après Thémistius, après Julien, elle n’est point encore épuisée. Son dernier effort fut sublime. Un homme naquit, jusque dans le cinquième siècle, en qui revivait à la fois et quelque chose de Platon et quel-