Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/12

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Non moins pompeusement que la langue d’Athènes
Marchait, en s’appuyant jadis sur Démosthènes,
Vers l’immense tribune où le Peuple assemblé
Dès l’exorde souvent frémissait ébranlé.

Melpomène lui prête un pompe divine
Quand le nerveux Corneille et le tendre Racine,
Et le brillant Voltaire, et le noir Crébillon,
De leurs vers immortels parent son médaillon.

Lui fait-on essayer le masque de Thalys ?
Soudain, dans les transports d’une utile folie,
Du sublime Molière elle empreinte la voix,
De celle de Regnard elle use quelquefois ;
Elle sait varier, et son maintien comique,
les inflexions de son propos caustique ;
Et comme un vaste bal, parcourant l’univers,
A chacun, dans un coin, reprocher ses travers.

Qu’avec plaisir, plus loin, pour défendre ses charmes,
J’apperçois la Fontaine et Boileau sous les armes !
L’un sut de la nature épuiser tous les traits,
L’autre de l’art pénible épuisa les attraits,
Et tous deux m’ont plongé dans un noble délire...
O vous, que j’adorais dès que je pus vous lire,