Tel, dans un hémistiche, au haut des cieux s’égare,
Qui retombe au second dans les fonds du Tartare.
Je suis, dans un seul vers, comme dans un seul jour,
Sensible, aimé, trahi, consolé tour à tour ;
Le tems semble passer dans le mot qui l’exprime ;
A peine ai-je celui de doubler une rime,
Et le présent rapide, et le long avenir,
Derrière les passés se hâtent de tenir.
La pensée a beau naître, et renaître sans cesse,
Le mot français la suit, il l’atteint, il la presse,
Et dans le cercle étroit d’un ton juste et borné,
Il en fixe à l’instant le sens déterminé.
Grec, Latin, Espagnol, Italien, Arabe,
Anglais, étalez-moi tous vos monosyllabes,
En est-il un qui soit, en peignant aussi bien,
Plus étendu que tout ou plus petit que rien ?
Notre langue, aux accords, tient par son méchanisme ;
Elle est mélodieuse, et dût le pédantisme
Du bon monsieur Jourdain me mettre à l’unisson,
Des lettres, je dirai la valeur et le son.
Heureux si je pouvais égayant la matière
Passer du grave au doux, du plaisant au sévère,
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