Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/25

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CHANT SECOND


 
Chaque lettre en passant, ou plus lente ou plus vive,
Vous a-t-elle saisi par sa voix distinctive ?
Il vous faut, dans les mots, fidèle à mes leçons,
Augmenter son effet en répétant ses sons,
N’allez pas toutefois, Poëte géomètre,
Outrer un tel sistème, ou le prendre à la lettre,
Et tourmenter la langue, au point de calculer
Des vers, que le lecteur craindrait d’articuler ;
Pour prix d’une tel travail, devenu méchanique,
Vous verriez tout à coup l’inflexible critique
Au rang des auteurs durs, vous classant à l’écart,
Vous mettre en parallèle avec le sec Ronsard,
Et de vos froids écrits confondant l’artifice
D’un soufle, en renverser le pénible édifice.

De même n’allez point, ainsi du Dubartas
Prenant pour harmonie un vain galimatias,
Dire que l’alouette, avec son tire lire,
Vers la voûte des cieux, en tirelirant tire,