Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/37

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S’avance, et par pitié me demande une larme.
Au cri que j’ai poussé dans ma trop juste allarme
Un murmure confus se répand dans les airs ;
Maint cadavre hideux, en agitant ses fers,
Pour s’approcher de moi quitte son mausolée ;
Sous mes pas chancelans, la terre est ébranlée ;
Je me vois par des morts pressé de toutes parts,
Et le pauvre, à mes pieds, appellant mes regards,
Soulève d’une main la pierre qui l’opprime :
« Arrête, disent-ils, d’une voix unanime ;
« Etranger, un instant, pense à moi par pitié,
« Parens, amis, enfans, ils m’ont tous oublié !
Ah ! dis-je en échappant à ces plaintes funèbres,
De ce temple effrayant, désertons les ténèbres,
Je ne saurais hélas ! voir plus long-tems souffrir
Ces spectres affamés d’un peu de souvenir......

Ah ! qu’ils sont plus heureux, ces laboureurs tranquilles,
Qui dorment dans les champs, au fond de ces asyles
O ! la mort les pressa de son fer inhumain,
Comme un troupeau timide au soir d’un jour serein ;
Le tems les a couverts d’un tapis de fougère,
Et la terre à leurs os paraît toujours légère,