Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/62

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La caille aime à sifler, et la tendre perdrix
Par des accens coupés réunit ses petits.
Perché sur la tourelle où la nuit il se coule,
Du matin jusqu’au soir le doux ramier roucoule,
Et l’humble tourtereau tristement amoureux
Prolonge à la sourdine un soupir douloureux :
Le pigeon, du plaisir goûte la pure ivresse,
Il est apprivoisé pour peu qu’on le caresse,
Il est tendre et sensible, il pleure, et plût au ciel
Que l’homme, ainsi que lui, n’eut jamais eu de fiel !

Non loin des prés fleuris qu’arrose la Charente,
Lieux charmans où le soir l’ombre d’Ausone errante
Du brave d’Epernon prend l’ombre par la main,
Et va sous les débris d’un vieux cirque romain,
Du saintongeois moderne admirer en silence
L’esprit héréditaire et la rare vaillance ;
S’élèvent deux châteaux l’un à l’autre opposés,
Par un bois vénérable autrefois divisés...
D’un rigoureux tuteur esclave trop docile
Eustelle habitait l’un, et l’autre était l’asyle
Du jeune comte Eutrope, héritier séducteur,
Et du champ des beaux arts zélé cultivateur ;