Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/67

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Ogier (car c’est ainsi que le guerrier s’appelle)
Veut se rendre au signal, mais la discrette Eustelle
En opposant la ruse à ses nombreux efforts,
Lui fait pour l’arrêter un rempart de son corps.
Eutrope attend le soir, attend la nuit encore,
« Ah ! Dit-il en fureur, j’en atteste l’aurore,
La femme est sans constance et l’homme est sans honneur,
Beaux-arts que j’ai quittés, rendez-moi le bonheur. »
Le front morne et pensif, il gagne ses pénates,
Catulle ! C’est envain qu’à présent tu te flattes
De calmer le transport de ses fougueux esprits,
Par la douce langueur qu’exhalent tes écrits.
Il allume sa haîne à ces rimes cruelles
Que Boileau, vieux alors, lança contre les belles,
Dans du fiel distillé des mains de Juvenal
Il trempe le stilet qu’il vole à Martial,
Et méditant sur l’heure un horrible libelle,
Sans honte et sans remords, il ose contre Eustelle
Sur un papier brulant précipiter des vers
Qui des pleurs de l’amour sont quelquefois couverts.
Ah, suspendez le cours d’une injuste satyre,
Eutrope, il vaudrait mieux ignorer l’art d’écrire,