Page:Piis - L’Harmonie imitative de la langue française, 1785.djvu/71

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Eutrope en insistant sut obtenir sa grace,
Et tout autre aurait pu l’obtenir à sa place.

Beau sèxe à ton courroux dusses-tu m’immoler,
C’est ton plus grand secret que je vais révéler,
Tu peux dans certains cas prendre un air inflexible,
Mais sans doute une fois que ta pudeur sensible
Après avoir long-temps prolongé nos desirs,
Nous a fait par l’estime arriver aux plaisirs ;
Eussions-nous par hazard ralenti nos hommages,
Fussions-nous bien ingrats, fussions-nous bien volages,
Jamais le triple airain de la froide rigueur,
Ne peut malgré nos torts environner ton cœur :
La vengeance, en cachette, a beau t’offrir des armes,
L’amour reprend ses droits en répandant des larmes,
Son flambeau rallumé jette encor plus de feu
Et ton premier pardon vaut ton premier aveu.

J’ai su depuis qu’Eutrope avec la jeune Eustelle
Avait serré les nœuds d’une chaîne éternelle,
Qu’au pigeon réchappé des horreurs de la mort
Une douce colombe avait uni son sort,
Et que le brave Ogier déposant son armure,
Pour nourrir par l’exemple une flamme si pure,