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ij PRÉFACE.


mot, suivre ensuite son existences, et, pour ainsi dire, sa biographie à travers les âges, c'est là une étude seconde en résultats, et aussi importante pour l’homme de lettres que pour le savant et l’antiquaire. Il n’est pas besoin de longs raisonnements pour prouver l’utilité de cette étude appliquée à la recherche de la synonymie grecque. Je me bornerai donc à faire connaître la méthode à suivre pour cette intéressante investigation.

Trois espèces de guides sont indispensables pour pénétrer et fouiller dans les mines précieuses de l’archéologie grecque : les grammairiens, l’étymologie et l'usage.

Les modernes se sont beaucoup occupes de l’étude importante des synonymes, mais dans ce genre comme dans beaucoup d’autres ils avaient été précédés par les anciens. Il n’est pas étonnant que ce soit chez le peuple le plus ingénieux de l’antiquité, chez tes Grecs, qu'on trouve les premières traces de cette idée vraiment philosophique. Soigneux de tout ce qui pouvait contribuer à augmenter les richesses d'une langue pour laquelle ils étaient passionnés, ils se sont livrés de bonne heure à la recherché des synonymes. Platon, dans son Protagoras, tourne déjà en ridicule l’affectation que mettaient les sophistes de son temps dans la comparaison des mots.

On voit dans Athénée[1] que Chrysippe avait composé un ouvrage de ce genre. A une époque qui n'est point fixée, le grammairien Séleucus, d'Alexandrie, avait, au rapport de Suidas, composé un traité des synonymes. De ces recueils spéciaux, et de beaucoup d'autres peut-être dont les titres ne nous sont pas même connus, ce qui nous est resté de plus considérable est le traité περί όμοίων και δίαφόρων λέξεων, attribué à Ammonius, grammairien d'Alexandrie, qui florissait à la fin du ive siècle de

  1. 1. Libr. VI,cap.93.

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