Page:Pimodan - Les Soirs de défaites, 1887.djvu/46

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Il était la splendeur de la forme suprême,
Mais beau comme le dieu fatal par qui l’on aime
Il voulait pour aimer des transports inconnus.

La triste nymphe Écho dans les vallons pleins d’ombre,
Lorsque s’élève au soir le souffle de la mer,
Jetait de vains appels sous le feuillage sombre,
Et l’éphèbe moqueur pouvait compter au nombre
De ses cruels mépris le sang de Jupiter.

Mais la droite de Zeus est terrible et puissante,
Narcissos la sentit comprimer son front pur,
Puis sur la grève aride où dans la verte sente,
Comme le fiancé d’une éternelle absente,
Il chercha sous le rire énorme de l’azur.

Et sans pouvoir tromper et sans pouvoir connaître
L’implacabilité de l’éternel vainqueur,
L’éphèbe, vaguement, jusqu’au fond de son être,
Tressaillait sous le joug immérité d’un maître,
Sous le talon d’Éros qui lui brisait le cœur.

Ô vengeance divine, à destin invincible !
Ô victimes d’amour, qui dira vos effrois,