Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/100

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De là les partis bizarres que prennent, et les erreurs où tombent ceux qui cherchent le vrai avec plus de bonne foi que de discernement.

Les uns, ne distinguant ni le terme où doit finir l’éducation générale, ni la nature de l’éducation particulière qui doit succéder à la première, adoptent souvent celle qui convient le moins à l’homme que l’on veut former, ce qui mérite cependant la plus grande attention. Dans l’éducation générale on doit considérer les hommes relativement à l’humanité et à la patrie ; c’est l’objet de la morale. Dans l’éducation particulière qui comprend l’instruction, il faut avoir égard à la condition, aux dispositions naturelles, aux talens personnels. Tel est ou devroit être l’objet de l’instruction. La conduite qu’on suit me paroît bien différente.

Qu’un ouvrage destiné à l’éducation d’un prince ait de la célébrité, le moindre gentilhomme le croit propre à l’éducation de son fils. Une vanité sotte décide plus ici que le jugement. Quel rapport, en effet, y a-t-il entre deux hommes dont l’un doit commander et l’autre obéir, sans avoir même le choix de l’espèce d’obéissance ?

D’autres, frappés des préjugés dont on nous accable, donnent dans une extrémité plus dangereuse que l’éducation la plus imparfaite. Ils regardent comme autant d’erreurs tous les prin-