Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/103

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teurs, est d’en faire dans la jeunesse de mauvais citoyens, des criminels scandaleux, et des malheureux dans l’âge avancé ; car il y en a peu qui aient alors le triste avantage d’être assez pervertis pour être tranquilles.

L’empressement avec lequel on lit ces sortes d’ouvrages, ne doit pas flatter les auteurs, qui d’ailleurs auroient du mérite. Ils ne doivent pas ignorer que les plus misérables écrivains en ce genre partagent presqu’également cet honneur avec eux. La satire, la licence et l’impiété n’ont jamais seules prouvé d’esprit. Les plus méprisables par ces endroits peuvent être lus une fois : sans leurs excès, on ne les eût jamais nommés ; semblables à ces malheureux que leur état condamnoit aux ténèbres, et dont le public n’apprend les noms que par le crime et le supplice.

Pour en revenir aux préjugés, il y auroit, pour les juger sans les discuter formellement, une méthode assez sûre, qui ne seroit pas pénible, et qui, dans les détails, seroit souvent applicable, sur-tout en morale. Ce seroit d’observer les choses dont on tire vanité. Il est alors bien vraisemblable que c’est d’une fausse idée. Plus on est vertueux, plus on est éloigné d’en tirer vanité, et plus on est persuadé qu’on ne fait que son devoir ; les vertus ne donnent point d’orgueil.