Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/176

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qu’ils tirent de cette erreur, se gardent bien d’écarter les importuns en les détrompant !

Cependant ceux qui, en obligeant, ne se proposent qu’un bien si frivole, doivent être persuadés, quelque crédit qu’ils aient, qu’ils ne sauroient rendre autant de services qu’ils font de mécontens.

Il ne seroit pas impossible qu’en ne s’occupant que du désir d’obliger, on se fît une réputation très-opposée, parce que le volume des bienfaits ne peut jamais égaler le volume des besoins. Il n’y a point de crédit qui ne soit au dessous de la réputation qu’il procure. Les moindres preuves de crédit multiplient les demandes.

Un homme qui a rendu plusieurs services par générosité, peut être regardé comme désobligeant, parce qu’il n’est pas en état de rendre tous ceux qu’on exige de lui. C’est par cette raison que les gens en place ne sauroient employer trop d’humanité pour adoucir les refus nécessaires.

On pourroit penser que la reconnoissance de ceux qu’ils obligent, doit les consoler de l’injustice de ceux qu’ils ont blessés par des refus forcés ; mais il n’est que trop ordinaire de voir des gens demander les grâces avec ardeur, et souvent avec bassesse, les recevoir comme une justice, avec froideur, et tâcher de persuader qu’ils n’avoient pas fait la moindre démarche, et