Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/187

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ceux qui l’ont contractée incapables de se plier aux moyens de travailler à leur fortune. Point du tout ; il vaut mieux inspirer la crainte que l’estime. D’ailleurs, ces hommes qu’on prétend si singuliers, si caustiques, si méchans, si misanthropes, réussissent parfaitement auprès de ceux dont ils ont besoin. La réputation qu’ils se sont fabriquée, donne un très-grand poids à leurs prévenances ; ils descendent plus facilement qu’on ne croit à la flatterie basse. Celui qui en est l’objet, ne doute pas qu’il n’ait un mérite bien décidé, puisqu’il force de tels caractères à un style qui leur est si étranger.

Il faut convenir que les sociétés dont je parle sont rares ; il n’y a que la parfaitement bonne compagnie qui le soit davantage, et celle-ci n’est peut-être qu’une belle chimère dont on approche plus ou moins. Elle ressemble assez à une république dispersée ; on en trouve des membres dans toutes sortes de classes, il est très-difficile de les réunir en un corps. Il n’y a cependant personne qui n’en réclame le titre pour sa société : c’est un mot de ralliement. Je remarque seulement qu’il n’y a personne aussi qui ne croie qu’elle peut se trouver dans un ordre supérieur au sien, et jamais dans une classe inférieure. La haute magistrature la suppose à la cour comme chez elle ; mais elle ne la croit pas