Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une bonne foi imprudente ! On ne s’étoit cependant pas trompé ; mais on ne l’avoit jugé que d’après la raison, et on le confronte avec la mode.

Ce n’est pas assez que de ne pas s’exposer au ridicule pour s’en affranchir ; on en donne à ceux qui en méritent le moins souvent, aux personnes les plus respectables, si elles sont assez timides pour le recevoir. Des gens méprisables, mais hardis, et qui sont au fait des mœurs régnantes, le repoussent et l’anéantissent mieux que les autres.

Comme le ridicule, n’ayant souvent rien de décidé, n’a d’existence alors que dans l’opinion, il dépend en partie de la disposition de celui à qui on veut le donner, et dans ce cas là il a besoin d’être accepté. On le fait échouer, non en le repoussant avec force, mais en le recevant avec mépris et indifférence, quelquefois en le recevant de bonne grâce. Ce sont les flèches des Mexicains qui auroient pénétré le fer, et qui s’amortissoient contre des armures de laine.

Quand le ridicule est le mieux mérité, il y a encore un art de le rendre sans effet ; c’est d’outrer ce qui y a donné lieu. On humilie son adversaire en dédaignant les coups qu’il veut porter.

D’ailleurs cette hardiesse d’affronter le ridi-