Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/208

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accès d’une humeur impérieuse qui ne leur réussit pas toujours. En effet l’orgueil des richesses ne ressemble point à celui de la naissance. L’un a quelque chose de libre, d’aisé qui semble exiger des égards légitimes. L’autre a un air de grossièreté révoltante qui avertit de l’usurpation. On s’avise quelquefois de comparer l’insolent avec l’insolence, et l’un ne paroissant pas fait pour l’autre, on le fait rentrer dans l’ordre. J’en ai vu des exemples. J’ai rencontré aussi des gens de fortune dignes de leurs richesses, par l’usage qu’ils en faisoient. La bienfaisance leur donne une supériorité réelle sur ceux à qui ils rendent service. Les vrais inférieurs sont ceux qui reçoivent, et l’humiliation s’y joint quand les services sont pécuniaires. C’est ce qui a fait mettre avec justice les mendians au-dessous des esclaves : ceux-ci ne sont que dans l’abaissement, les autres sont dans la bassesse. Ainsi ceux qui font la cour aux financiers sont bas ; plus bas encore s’ils en reçoivent ; et, s’ils les paient d’ingratitude, la bassesse n’a plus de nom ; elle augmente à proportion de la naissance et de l’élévation des ingrats.

Pourquoi s’étonner de la considération que donnent les richesses ? Il est sûr qu’elles ne font pas un mérite réel ; mais elles sont le moyen de toutes les commodités, de tous les plaisirs, et