Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/220

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destie dans ses effets. Un homme de lettres estimable n’en essuiera point de faste offensant ; au lieu qu’il pourroit y être exposé avec ces gens qui n’ont sur lui que la supériorité que leur impertinence suppose, et qui croient que c’est un moyen de la lui prouver. Depuis que le bel esprit est devenu une contagion, tel s’érige en protecteur qui auroit besoin lui-même d’être protégé, et à qui il ne manque pour cela que d’en être digne.

Plusieurs devroient sentir qu’ils seroient assez honorés d’être utiles aux lettres, parce qu’ils en retireroient plus de considération qu’ils ne pourroient leur en procurer.

D’autres qui se croient gens du monde, parce qu’on ne sait pas pourquoi ils s’y trouvent, paroissent étonnés d’y rencontrer les gens de lettres. Ceux-ci pourroient, à plus juste titre, être surpris d’y trouver ces gens d’un état fort commun, qui, malgré leur complaisance pour les grands, et leur impertinence avec leurs égaux, seront toujours hors-d’œuvre. On fera toujours une différence entre ceux qui sont recherchés dans le monde, et ceux qui s’y jettent malgré les dégoûts qu’ils éprouvent.

En effet, réduisons les choses au vrai. On est homme du monde par la naissance et les dignités ; on s’y attache par intérêt ; on s’y introduit