Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/87

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reux ; sur l’idée humiliante qu’on leur donne d’eux-mêmes, ils peuvent être criminels sans en rougir. Pour les rendre meilleurs, il ne faut que les éclairer ; le crime est toujours un faux jugement.

Voilà toute la science de la morale, science plus importante et aussi sûre que celles qui s’appuient sur des démonstrations. Dès qu’une société est formée, il doit y exister une morale et des principes sûrs de conduite. Nous devons à tous ceux qui nous doivent, et nous leur devons également, quelque différens que soient ces devoirs. Ce principe est aussi sûr en morale, qu’il est certain, en géométrie, que tous les rayons d’un cercle sont égaux et se réunissent en un même point.

Il s’agit donc d’examiner les devoirs et les erreurs des hommes ; mais cet examen doit avoir pour objet les mœurs générales, celles des différentes classes qui composent la société, et non les mœurs des particuliers ; il faut des tableaux et non des portraits ; c’est la principale différence qu’il y a de la morale à la satire.

Les peuples ont, comme des particuliers, leurs caractères distinctifs, avec cette différence, que les mœurs particulières d’un homme peuvent être une suite de son caractère ; mais elles ne le constituent pas nécessairement ; au lieu