Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 1.djvu/95

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composé d’une multitude de vils criminels, parce qu’il y en auroit à tout prix, et on y trouveroit plus de scélérats qu’en aucun lieu du monde, puisqu’il n’y auroit point de vertu dont on ne pût trouver la valeur.

Cela n’est pas heureusement ainsi parmi nous. On y voit peu de criminels par système ; la misère y est le principal écueil de la probité. Le François se laisse entraîner par l’exemple, et séduire par le besoin ; mais il ne trahit pas la vertu de dessein formé. Or la nécessité ne fait guère que des fautes quelquefois pardonnables ; la cupidité réduite en système fait les crimes.

C’est déjà un grand avantage que de ne pas supposer que la probité puisse être vénale ; cela empêche bien des gens de chercher le prix de la leur ; elle n’existe plus dès qu’elle est à l’encan.

Les abus et les inconvéniens qu’on remarque parmi nous, ne seroient pas sans remède, si on le vouloit. Sans entrer dans le détail de ceux qui appartiennent autant à l’autorité qu’à la philosophie, quel parti ne tireroit pas de lui-même un peuple chez qui l’éducation générale seroit assortie à son génie, à ses qualités propres, à ses vertus, et même à ses défauts ?