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Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 7.djvu/224

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dont le nombre est tellement multiplié, qu’on a plus d’obligation à ceux qui y viennent qu’à ceux qui font la dépense de les tenir ; de sorte qu’il n’y a point aujourd’hui d’espèce qui, écartée d’une maison, ne puisse être bonne compagnie dans quel qu’autre.

Comme ce sont principalement les erreurs de ma jeunesse que je veux me rappeler, il ne sera pas étonnant que l’amour y ait eu beaucoup de part.

L’amour a toujours été très-rare, du moins celui qui mérite le nom de sentiment ; cependant je suis persuadé qu’il l’étoit moins autrefois qu’aujourd’hui. Les hommes ont toujours eu les mêmes passions ; mais celles qui nous sont les plus naturelles prennent, suivant les lieux et le temps, différentes manières d’être qui influent sur la nature même de ces passions.

Cette fougue des sens qui nous emporte dans la première jeunesse, et qui se calme et se dissipe enfin dans un âge plus ou moins avancé, est commune à tous les hommes, et les porte vers le même but, mais ce désir ardent est rarement uni à celui de plaire, au lieu qu’il faisoit une partie essentielle des anciennes mœurs. Il avoit fait naître une politesse délicate qui s’est perdue. On en voit encore des vestiges dans ceux qui ont été les hommes à la mode de leur temps. Un