Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/113

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lentes de Paris, par la facilité que les gens riches, quelque grossiers qu’ils soient, ont d’avoir à leur service ou à leurs ordres ceux dont la profession s’occupe des choses de goût. Mais comme ce goût n’est que d’emprunt, il ne sert souvent qu’à faire mieux sentir la crasse primitive du maître de la maison qu’on ne peut pas façonner comme un meuble.

Pour madame Ponchard, elle n’étoit occupée qu’à étudier et copier les grands airs qu’elle avoit le malheur de prendre toujours à gauche. Quoiqu’elle tirât son orgueil de la fortune de son mari, elle rougissoit de sa personne.

Je fus bientôt lié dans toute la finance ; ce fut ainsi que je connus plusieurs maisons de financiers, dont je ne pouvois pas faire une comparaison qui fût avantageuse à celle de M. Ponchard. D’ailleurs, pour me dégoûter de madame Ponchard, il suffisoit d’elle-même ; peu s’en falloit qu’elle ne me fît regretter madame de Tonins, et préférer les ridicules aux dégoûts. Elle regardoit un amant comme un meuble ; et, mon hommage flattant sa vanité, elle vouloit que je fusse partout avec elle. Je ne fus pas de ce sentiment-là, et bientôt je commençai à négliger auprès d’elle des devoirs que je n’avois jamais remplis bien exactement. J’étois oblige de faire ma cour ; je voulois vivre avec mes amis, et ma-