Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/56

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qu’ils se plaisent ou se conviennent, et ils se quittent parce qu’ils cessent de se plaire, et qu’il faut que tout finisse. Je m’attacherai simplement à distinguer les différens caractères des femmes avec qui j’ai eu quelque commerce.

Je n’eus pas plutôt rompu avec madame de Sezanne, que je trouvai dans madame de Persigny tout ce qu’il me falloit pour me confirmer dans mes nouveaux sentimens, et dans la résolution que je venois de prendre de n’avoir point de véritable attachement de cœur.

Les femmes, à Paris, communiquent moins généralement entre elles que les hommes. Elles sont distinguées en différentes classes qui ont peu de commerce les unes avec les autres. Chacune de ces classes a ses détails de galanterie, ses décisions, sa bonne compagnie, ses usages et son ton particulier ; mais toutes ont le plaisir pour objet, et c’est là le charme du séjour de Paris. J’ai eu lieu de remarquer toutes ces différences.

Madame de Persigny étoit ce qu’on appelle dans le Marais une petite maîtresse ; elle étoit née décidée, le cercle de son esprit étoit étroit : elle étoit vive, parloit toujours, et ses réparties, plus heureuses que justes, n’en étoient souvent que plus brillantes. Élevée en enfant gâté, parce que dès l’enfance elle avoit été jolie, les amans achevèrent ce que les parens avoient commencé.