Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/60

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d’aucun plaisir avec elle ; le souper même, qui sembloit l’amuser, se passoit ordinairement dans les arrangemens de ce que l’on pouvoit faire le lendemain.

Pour ne point donner au public des scènes que son étourderie pouvoit aisément occasionner, et que je craignois de partager, je prétextai plusieurs voyages à la campagne ; j’eus soin d’en avertir long-temps auparavant, et les parties s’arrangèrent sans moi. À peine madame de Persigny s’aperçut-elle de mon absence ; je ne sais même si elle eut le temps de voir que nous ne vivions plus ensemble. Elle ne manqua pas de gens aimables qui s’empressèrent à me remplacer, et qui bientôt le furent eux-mêmes par d’autres. Enfin, sans rompre précisément avec elle, je cessai d’être son amant en titre.

Madame de Persigny m’avoit si parfaitement corrigé des fausses délicatesses dont j’avois tourmenté madame de Sezanne, que celle-ci, dont j’avois blâmé la coquetterie, m’auroit alors paru une prude. Il sembloit que l’amour eût entrepris de me faire l’humeur, en m’assujétissant aux caractères les plus opposés.

Pendant que je cherchois à respirer des fatigues que m’avoit causées la pétulance de madame de Persigny, je me trouvai à dîner chez une de mes parentes avec une femme, dont la beau-