Page:Pinot Duclos - Œuvres complètes, tome 8.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lement, pour des droits de terre. Comme j’ai toujours eu une aversion et une incapacité naturelles pour les procès, et que le moyen de les éviter n’est pas toujours de s’en rapporter à ses gens d’affaires, j’allai trouver M. de ***. C’étoit un homme fort raisonnable ; d’ailleurs un des grands avantages que les gens de robe retirent de leur profession, est d’apprendre, aux dépens des autres, à fuir les procès ; ainsi nous terminâmes nous-mêmes notre différent à l’amiable, et je restai de ses amis. La première marque que je lui en donnai, fut de tâcher de séduire sa femme qui étoit assez jolie, et j’y réussis. Il fallut alors me plier à des mœurs nouvelles, et qui m’étoient absolument étrangères.

La hauteur de la robe est fondée, comme la religion, sur les anciens usages, la tradition et les livres écrits. La robe à une vanité qui la sépare du reste du monde ; tout ce qui l’environne la blesse. Elle a toujours été inférieure à la haute noblesse ; c’est de là que plusieurs sots et gens obscurs, qui n’auroient pas pu être admis dans la magistrature, prennent droit d’oser la mépriser aussitôt qu’ils portent une épée ; c’est le tic commun du militaire de la plus basse naissance. Cela n’empêche pas qu’il n’y ait dans la robe plusieurs familles qui feroient honneur à quantité de ceux qui se donnent pour gens de condi-