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CHAPITRE PREMIER

LA BELGIQUE ET L’EUROPE JUSQU’AUX TRAITÉS DE 1839[1]


I


La Révolution belge signifiait bien plus pour l’Europe que le déchirement du royaume des Pays-Bas. Elle était un coup de bélier porté dans l’œuvre du Congrès de Vienne. Elle l’ébranlait en même temps par son principe et par ses résultats. Par son principe, puisqu’elle opposait à la souveraineté monarchique, la souveraineté nationale ; par ses résultats, puisqu’elle renversait la barrière dressée en 1815 contre la France. Odieuse dans son esprit et funeste dans ses conséquences, nul doute qu’elle n’eût été écrasée tout de suite si les Puissances l’avaient pu… mais elles ne le pouvaient pas. Il eût suffi de quelques régiments pour mettre les insurgés à la raison. Personne ne s’illusionnait sur leur faiblesse et personne pourtant n’osait prendre sur soi de leur infliger le châtiment qu’ils méritaient.

  1. Ce chapitre ne donne qu’un croquis sommaire des faits dont il me suffit de rappeler que l’on trouvera l’exposé détaillé d’après les sources dans les ouvrages excellents de F. De Lannoy, Histoire diplomatique de l’indépendance belge (Bruxelles, 1930) et de A. De Ridder, Histoire diplomatique du traité du 19 avril 1839 (Bruxelles, 1920).